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Showing posts from 2020

Nexus

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Ce soir, c’est la pleine lune, et je ne sais pas quoi penser de la visite que j’ai reçue plus tôt. Une dame frappe à ma porte. J’imagine qu’elle s’est peut-être égarée ou qu’elle a quelque chose à me vendre, mais elle me regarde dans les yeux après m’avoir jaugée et m’informe : « On m’a dit que je devais venir ici, mais asteur , je comprends que c’est toi que je suis venue voir. » Qu’est-ce que cela signifie exactement? Il pleut dehors et il fait déjà noir. Une froide soirée d’automne qui tourne à un début d’hiver. D’instinct, je n’ai pas envie d’ouvrir la porte ou d’interagir avec cette personne. Pas qu’elle ait une allure exceptionnelle, mais une sensation au creux de mon ventre me dit – non, me crie – de ne pas la laisser entrer. Surtout que je viens juste de coucher mon bambin pour la nuit : en tant que mère vivant seule dans un vieux quartier louche, on n’est jamais trop prudente. Malgré moi, mes lèvres prononcent : « Il fait froid, voulez-vous entrer une minute? » J’essaie de com

Dans un rayon de soleil

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J’émerge du sommeil baignée par la fraîcheur de la brise de cet après-midi d’automne,  éblouie par la lumière argentée qui perce à travers le mince rideau. Il fait bon dans la pièce et un rayon de soleil frôle mon dos nu de sa douce chaleur alors que, couchée sur le ventre, le drap de coton me camoufle le bas du corps, à l'exception d’un pied rebelle. Je reste immobile et savoure le moment : une délicieuse sieste d’après-midi dans ce grand lit, et rien à faire pour le reste de la journée.  Le paradis. Les yeux fermés, dérivant à nouveau peut-être, je perçois le changement de rythme dans ta respiration : tu es aussi en train de te réveiller. Je te sens te retourner dans le lit et effleurer mon bras. Ton toucher volage parcourt la longueur de mon membre avant de changer de course vers mes reins, traînant jusqu’au mont de mes fesses dissimulées. Mon inspiration se fait plus profonde lorsqu’un lent frisson me traverse sourdement. Malgré moi, je laisse échapper un petit gémissement. Enc

Laurent

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Marcus Partie 2 ( lire la première partie ) Le district des apprentis se trouvait à l’est du temple et au sud de la citadelle. Les habitations comportaient une série de longs bâtiments d’un seul étage, aux murs de torchis rudimentaires et aux toits de céramique rouge. Les constructions étaient arrangées autour d’un jardin manucuré. Au centre trônait une petite fontaine de pierre, ornée d’une statue à l’échelle humaine de l'archétype de Céos, le visage tourné vers le ciel : un modèle de persévérance, de curiosité et d’intelligence. En chemin vers mon nouveau gîte, nous passâmes une petite chapelle de pierre ornée d’une rosace de vitrail multicolore magnifique, émergeant de buissons fleuris au sommet d’une légère élévation à gauche du chemin. Sans faire de pause, nous nous sommes dirigés vers un édifice près du centre de la place. S’étirant contre la futaie, celui-ci comptait une série d’ouvertures donnant sur de petites chambres communes. En pénétrant dans l’unité qui deviendrait ma

Astar

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Kindrana Partie 2 ( lire la première partie ) Mes premiers jours sur le vaisseau fédéré ne furent pas de tout repos. Malgré l’attitude qui se voulait rassurante de ses occupants, je traversai de longues périodes de délire agité où je me débattais avec force. Je ne partageais pas de langue commune avec mes geôliers. Parfois, je leur criais des questions, ne recevant que des airs peinés et des mains ouvertes en guise de réponse.  Il m'était difficile de dire combien de temps s'était écoulé depuis mon sauvetage. Dans la cellule médicale, les cycles journaliers étaient ponctués d’examens de routine pour évaluer mon état et de repas constitués de rations protéinées sans goût, mais hautement nutritives.  Il y avait deux sortes de visiteurs.  Les premiers, à la peau bleutée, étaient de gabarit similaire au mien, soit un peu plus petits que le draconien moyen. Leur épiderme était lisse et leur crâne sans aucune aspérité. Leurs doigts longiformes n’étaient pas terminés par des griffes e

Un oeuf dans le désert

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De toutes mes voix, celle de Kindrana est la plus forte, la plus impérieuse. Elle se faufile dans mes rêves et joue souvent le rôle de ma conscience. C’est elle qui me taraude sans cesse : « Écris, Karine. Écris notre histoire », jusqu’à ce que je ne puisse faire autrement qu’honorer sa commande.  Sa logique reptilienne est d’une efficacité implacable, parfois même un peu froide. Mais sous son armure forgée de nombreux traumas se cache une âme sensible qui veut à la fois être comprise et servir l’humanité. C’est peut-être pour elle une façon d’essayer de repentir les crimes de son peuple. Son histoire nous fait voyager aux confins de la galaxie, pour néanmoins finir bien ancrée ici, les pieds sur Terre. Ce ne sera pas la dernière contradiction déchirante de ce personnage qui a voué sa vie et celle de sa descendance au service de l’équilibre universel. Voici donc le premier volet de son histoir e. Kindrana Partie 1 Il y a longtemps que je n'ai pas vu ma planète d'origine, mais j

Le motif du pavé

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L’histoire de Marcus est la première qui m’est venue d’un seul coup, sous hypnose. La richesse des détails de la vie de ce prêtre, au rôle pivot au moment du déclin de la glorieuse Atlantide, m’a longtemps laissée sans mots. Ce récit aux méandres d’émotions conflictuelles, d’amour secret, de responsabilité accablante et au dénouement tragique inévitable a mûri à son rythme. C’est avec plaisir mais aussi fébrilité que je prends la plume après plus de 5 ans de décantation pour finalement l’honorer. Marcus Partie 1 Mon plus ancien souvenir est celui du pavé.  Je scrutai les dalles au motif intriqué avec une fixation médusée pendant de longues minutes. Ces dalles que j’allais parcourir encore et encore au cours des années à venir, jusqu’à ce qu’elles deviennent banales, jusqu’à ce que je ne les remarque plus.  J’étais debout bien droit et je regardais mes pieds de manière obstinée, trop terrifié pour enregistrer quoi que ce soit d’autre autour de moi. Je voyais onduler dans la brise l’ourl